Pour que vous preniez la mesure de ce que je pense de la littérature de Julia Kerninon, je vais commencer par vous emmener vous balader par là, du côté d'Une activité respectable, du Dernier amour d'Attila Kiss ou encore de Buvard. Tous les trois parus au Rouergue.
Quelque chose s'épaissit dans l'écriture de Kerninon, en même temps qu'une autre chose s'apaise.
L'énergie reste la même, entière, et la plume prend plus de place, déroule plus loin encore sa portée, la poésie, la musique et le rythme.
Nous sommes cette fois, pris à partie (un peu comme dans Buvard d'ailleurs) par Helen, et installés entre Helen et Franck.
Ces deux là se sont rencontrés très tôt, ils sont tous les deux des enfants d'ambassadeurs et leur rencontre leur a permis d'échapper à leurs destins de prisonniers en cage dorée. Et, en beaucoup plus pragmatique, à permis à Helen d'échapper aux viols par ses frères. Enfin, d'y mettre un terme serait plus approprié.
De cet enfer vécu enfant, et de leur détestation commune pour leurs deux familles, ils vont s'échapper et grandir ensemble.
Et puis Franck, va devenir sous les yeux d'Helen, Franck Appledore, un peintre mondialement reconnu.
Et puis Franck, va devenir sous les yeux d'Helen, Franck Appledore, un peintre mondialement reconnu.
Nous sommes dans les années 1970, puis 80 et 90. Nous sommes en Italie, puis à Amsterdam, à Boston puis en Normandie.
Julia Kerninon construit son roman autour de la seule parole d'Helen, qui s'adresse à Franck et qui lui dévoile rétrospectivement, tout l'amour qu'elle lui voua toute sa vie, à lui qui ne le savait pas, où ne le savait que quand il avait envie, ou besoin. Allez savoir.
Ma dévotion est l'histoire d'un amour qu'un être brisé au départ, Helen, a tenu caché tout contre elle, tout au dedans, tout du long. Et qui finit par ressembler à une magnifique plainte pleine d'admiration, ou une sorte de haine sans nom, on ne sait plus. A moins que ce ne soit les deux.
Ma dévotion est l'histoire d'un amour qu'un être brisé au départ, Helen, a tenu caché tout contre elle, tout au dedans, tout du long. Et qui finit par ressembler à une magnifique plainte pleine d'admiration, ou une sorte de haine sans nom, on ne sait plus. A moins que ce ne soit les deux.
Des chapitres courts, un "tu" envoyé à celui qui ne veut pas voir, et la lumière qui constamment change selon les époques, les périodes, selon les saisons, ou les moments de la journée.
Helen a écrit durant toute sa carrière à elle, brillamment pour et dans le milieu de la critique littéraire universitaire, elle a édité, dirigé des collections, patronné.
Comme dans la vie de Franck qu'elle a géré dans tout ce qu'elle avait de concrète : remplir le frigo, payer les factures, organiser des rencontres, et lui donner du plaisir, aussi souvent qu'il voulait bien lui en donner et en prendre. Du plaisir.
Helen a écrit durant toute sa carrière à elle, brillamment pour et dans le milieu de la critique littéraire universitaire, elle a édité, dirigé des collections, patronné.
Comme dans la vie de Franck qu'elle a géré dans tout ce qu'elle avait de concrète : remplir le frigo, payer les factures, organiser des rencontres, et lui donner du plaisir, aussi souvent qu'il voulait bien lui en donner et en prendre. Du plaisir.
Ma dévotion est une histoire de vie brisée par la soumission. Une vie entière. Et il s'agit là d'un roman absolument subjuguant de maîtrise dans lequel l'auteur.e est parvenue à faire parler celle qui n'a jamais pu parler, pas même à sa propre mère, de cette humiliation première et fondamentale.
Celle qui a du alors s'inventer une langue derrière laquelle plus jamais rien ne transparaîtrait, cette langue neutre, qui enfouit plus encore son sexe, sa langue à qui l'on a cassé la matrice, broyé le ventre, nié l'existence.
Celle qui a du alors s'inventer une langue derrière laquelle plus jamais rien ne transparaîtrait, cette langue neutre, qui enfouit plus encore son sexe, sa langue à qui l'on a cassé la matrice, broyé le ventre, nié l'existence.
Et pourtant Kerninon n'oublie pas de nous dire, que même en ayant à vivre ainsi, on peut tomber en pâmoison devant un tableau, celui qui fait naître un peintre, on peut avoir du plaisir, prendre un avion par passion et aller jusqu'à commettre l'irréparable.
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