14/03/2021

LIV MARIA de Julia Kerninon

La première fois qu'on m'a mis entre les mains mon "premier" Julia Kerninon (il s'agissait de Buvard), ce fut comme une mini révolution.Lu en une nuit, dès le lendemain je me mettais à le "prescrire" à le recommander à tour de bras. 

L'écriture de Julia Kerninon est cet excès là en somme. 

Quel plaisir le surlendemain, avant même que le magasin n'ouvre de voir cette femme, qui toquait à la vitre pour que je me retourne, et la regarde brandir son Buvard acheté la veille. Elle venait elle aussi de le lire en une nuit.

Nous nous croisons elle et moi régulièrement dans la ville, et il est arrivé que l'une d'entre nous ait alors, un Kerninon dans son sac à cet instant là. Un autre, un nouveau, un "encore". Alors nous sortons le livre et le montrons à l'autre, histoire sans parole, pas besoin. Tellement pas besoin. Kerninon s'en charge à nos places. 

(Et puis j'arrête là, sinon hein, je ne parle que de moi.)

 Liv Maria  (éditions L'Iconoclaste) est le quatrième roman de cette jeune auteur.e. et il est d'une force équivalente aux trois autres. 

L'écriture de Kerninon c'est la réaffirmation constante du fait que derrière un grand roman, un texte qui résonne fort, qui donne envie, il y a un homme ou une femme, singulier, singulière, et qu'en refermant le livre, non seulement on vient d'entrevoir des morceaux de vies éclairées différemment, mais qu'en plus, on vient de "rencontrer" quelqu'un.

Liv Maria est née sur une ile bretonne, elle est née de l'amour entre cet homme norvégien amoureux des livres, marin géant au cœur doux comme du velours, et cette femme, née sur l'ile bretonne, taiseuse et déterminée. Ils l'aiment et l’élèvent sur l'ile en compagnie des oncles de Liv Maria. Ils l’élèvent dans l'amour, l'amour de la lecture, de la nature, de l'Autre et de la pêche. Ni garçon, ni fille, juste un humain que l'on aime de toutes ses forces. 

A n'en pas douter, l'amour de ses deux parents restera comme un modèle pour elle. Dont il faudra s'affranchir, qu'il faudra égaler, dépasser, faire avec. Sauf que Liv Maria est une héroïne une vraie, et que sa vie, elle va la consumer par les deux bouts, sans compter, sans demander de garantie, sans peur, sans frilosité. Sans chercher de coupable, sans se raconter des histoires, pour en somme rester bien à l'abri dans la tiédeur. Celle qui empêche de vivre.
Liv Maria va quitter l'ile, perdre ses parents, et voyager.
Jusqu'au jour où elle rencontrera ce jeune irlandais dans une librairie au Chili. Il lui donnera envie de construire, de se poser, d'acheter une maison, de faire des enfants. Et Liv Maria le fera avec autant de force, d'énergie, d'amour que ce qu'elle a toujours fait.

Arrivera ensuite cette nuit, où, regardant au dedans Liv Maria, prendra une décision que probablement personne ne comprendra, que personne ne pourra justifier. Une décision interdite, tabou. Une décision tempête ouragan, une décision volcan. Mais une décision qui lui permettra probablement et aussi de rester libre et fidèle à elle-même.

Liv Maria est cette femme capable de dire à quel point elle a aimé un homme pour sa capacité à lui faire l'amour. Cette femme capable de penser sa vie en dehors des cases tracées pour "les femmes" les "mères" les "filles".  Cette héroïne élevée par une mère et un père capables de lui avoir inculqué la combativité et la liberté.

Magistral, encore et toujours.

Le grand monsieur Bashung pour finir de dire mais juste en écoutant.

Signé : Range le SAS
  

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