En passant par le biais de cette bande de copines pour lesquelles nous allons développer une empathie phénoménale, elle nous permet de découvrir ou redécouvrir un fait historique largement passé sous silence une fois de plus. En mettant au service de l'Histoire son talent d'illustratrice elle fait en sorte que nous ne le l'oublierons désormais plus, cette affaire là.
Orange, New Jersey (Etats-Unis) 1918 entrons dans cette usine d'USRC ('United States Radium Corporation) aux côtés de la petite nouvelle. Elle s’appelle Edna.
Elle va dés le premier jour découvrir celles qui deviendront ses amies : Grace, Katherine, Mollie, Albina et Quinta. Leur tâche ?
En effet, assises devant des établis, elles posent des pinceaux sur leurs lèvres pour les humidifier et les lisser, puis elles plongent les mêmes pinceaux dans la peinture, enfin elles peignent des cadrans. Elles sont évidemment payées au rendement. Et malheureusement la peinture contient de l'uranium qui finira par les tuer sans que quiconque ne s'en émeuve, après tout, ce ne sont que des femmes.
Entièrement réalisée aux crayons de couleurs, cette bd est un bijou à tous points de vue. D'abord parce qu'elle met à l'honneur des inconnues qui se sont battues, ces anonymes qui sont en réalité des héroïnes, ensuite, parce que pour nous toucher, l'autrice a utilisé le vecteur de l'amitié et que c'est une franche réussite. Nous nous reconnaissons dans ces amies, liées si fort et pas toujours d'accord sur tous les sujets. Nous nous reconnaissons dans le fait qu'elles jouent de tout et avec tout, même avec ce qui finira par les tuer, sans le savoir évidemment. Les suivre dans leurs quotidiens nous permet de découvrir une époque, la leur ! Le droit de vote, la prohibition, cet agent de police qui vient mesurer la taille d'un maillot de bain lorsqu'elles s'offrent une journée à la plage ensemble. Et "oh" consternation, tellement de choses sont encore tellement d'actualité (coucou le burkini, le crop top et j'en passe)
Et puis chaque planche est une œuvre d'art.
J'ai passé des heures à examiner les couleurs choisies pour soutenir tel ou tel propos, tel ou tel lien. J'ai noté la différence entre les fonds blancs et les fonds colorés. J'ai été touchée, si fort, par la façon de représenter la mort et cette façon si pudique et digne de dessiner les corps en dégénérescence. Les corps malades.
C'est fin et magnifique. Il s'agira désormais de faire tourner cette bande dessinée partout et tout le temps. De continuer de faire savoir ce drame là. De ne plus l'oublier.
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