21/02/2016

TOUTES LES FEMMES SONT DES ALIENS de Olivia Rosenthal


On aimerait qu'un jour, Olivia Rosenthal et Pacôme Thiellement se retrouvent à table et discutent ensemble de cinéma devant quelque bonne bouteille. On se ferait alors petite souris, et on prendrait des notes. Car la demoiselle a quelque chose à voir avec l'auteur de Cinéma Hermetica (recueil d'articles savants, siphonnés et géniaux paru il y a peu chez Super 8), dans cette façon absolument gracieuse et décomplexée d'aborder son sujet selon des angles assez imprévus .

En trois chapitres bien distincts, elle nous parle successivement de la tétralogie des Alien inaugurée par Ridley Scott en 1979, puis des Oiseaux de Hitchcock et enfin, rassemblés en une doublette audacieuse, du traumatique Bambi et du scandaleux Livre de la jungle de Walt Disney.


Toutes les femmes sont des aliens, la première partie qui donne son titre au livre, s'attarde longuement sur ce qu'on savait déjà quant aux rapports ambigus entre l'infernale bestiole et la délicieuse Ripley, héroïne récurrente et increvable femme de tête. Eradication du corps masculin, enfantement dans la douleur et dans la mort, expulsion de la bête, accouplements contre-nature. Pour se finir par une sorte d'idylle bizarre, dans l'ultime plan du dernier volet, entre une Ripley mi-femme, mi-alien, filant vers d'autres cieux étoilés en compagnie d'une cyborg mignonne à croquer. Bien vu !

Les oiseaux reviennent, sur le grand classique de sir Alfred, ne s'attarde pas trop sur ce que nous savons déjà sur un des films les plus (psych-)analysé du maître (avec Vertigo), mais s'en donne à cœur joie dans la stigmatisation de la haine des blondes que semble d'ailleurs partager mademoiselle Rosenthal. C'est vrai qu'elle finit dans un sale état, Tippi Hedren.

Quant à Bambi & co, baroud d'honneur de ce délicieux petit opuscule (150 pages à peine), l'auteur nous invite à repenser ce prétendu drame fondateur que fut la mort de la maman du petit faon aux si jolis yeux, et surtout à ne pas montrer Le livre de la jungle à des gosses qui pourraient s'imaginer que les panthères ont des voix de fumeur de Gauloise, et que les ours dodelinent du cul avec des bananes autour des hanches. Regardez donc dans quel état de confusion mentale cela a mis certaines personnes lors de récentes manifestations de rue...
Iconoclaste en diable, d'une délicieuse ironie, la cinéphilie est une maladie qui gagne a être répandue lorsqu'elle est transmise avec autant de liberté.


Signé: RongeMaille

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