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29/08/2016

LE ZEPPELIN de Fanny Chiarello

Au cœur de cette période que j’exècre  pour son hypocrisie totale (quand j’ai une idée dans la tête, je n’en démords pas) - la rentrée littéraire- un BOUM retentit !

Ce BOUM c’est la déflagration que provoque la lecture du Zeppelin de Chiarello. Elle a mis le paquet cette année (de ça je vous avais déjà causé), elle nous avait pourtant prévenue la madame Chiarello. Elle s’apprêtait déjà avec Le tombeau de Pamela Sauvage à nous lâcher la main complétement, on parlait d’OLNI (objet littéraire non identifié), en fait : il n’en était rien.
Le véritable OLNI il est là. Tout entier dans ce Zeppelin.


Quand on ouvre le roman, une sorte de préambule nous accompagne, encore un peu. Ce préambule est notre dernière balise, notre dernier signe tangible de l’auteur. Et puis, la dernière phrase de ce préambule (de mémoire de petite lectrice, je ne me souviens pas avoir déjà lu une phrase si forte)  et BOUM.

Silence. Silence absolu.

Et puis, tatam, tatam, tatam nos cœurs se remettent à battre. Et là, oui, on peut le dire, on a perdu Chiarello. Nous n’avons plus le choix, nous avons tout à faire, tout seul, avancer dans son texte en acceptant le postulat de départ : ne plus avoir de ses nouvelles, ne plus percevoir de codes confortables, ne plus chercher à comprendre, ne plus reconnaître tout ce que l’on reconnaît dans un roman. Nous n’avons plus qu’à avancer en acceptant de n’entendre que nos battements de cœur.
Nous n’avons plus qu’à rencontrer ces 13 portraits d’anti héros, tous touchés par le passage au-dessus de leur territoire « La Maison »  d’un zeppelin, dont nous rencontrerons aussi l’équipage.
Nous n’avons plus qu’à les regarder, ces gens de rien, se plier à la danse du zeppelin, à épier leurs petites lâchetés, leurs peurs dues à l’ignorance, et à baisser les yeux, car faute de reconnaître les codes du roman, on reconnaît bel et bien, les nôtres, ceux du genre humain.
C’est loufoque, c’est barré, c’est souvent, très souvent drôle ! C’est un hommage de l’intérieur à Brautigan et aux films catastrophes. Indéniablement. Nous errons rue Canard Bouée ou rue Saint-Divan, nous croisons des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux. On écoute de la musique certaines fois.
Nait alors, sous nos yeux un portrait, sorte de carte déformée de notre société occidentale malade.
Nait alors, sous nos yeux la confirmation absolue et jamais didactique ni-même solennelle, du fait que les monstres que nous croisons de plus en plus souvent, nous les avons en fait fabriqué de toutes pièces.
Ces éléments nous apparaissent plus nettement une fois le bouquin refermé. Une fois que nous sommes sortis de la poésie absolue de la balade, une fois que riche du texte et de l’écriture, nous reconnaissons les détails dans nos vies ordinaires de gens de rien.
6 versions ont précédé celle-ci, il aura fallu 10 années à l’auteur pour laisser s’envoler ce Zeppelin. Aucun mal à avaler ces données. BOUM, je vous ai dit. 

Juste BOUM.

Le grand luxe serait de vous procurer tout en même temps Jerespire discrètement par le nez, qui n’est autre qu’une clé, plus rassurante en soi, pour parfaire la lecture de ce texte. Et là, oui, votre escapade sera totale. Radicale et exigeante. Hors de toute zone de confort. L’exotisme absolu. Pas facile, ça non, mais total.

Vous voilà prévenus.


27/05/2016

PARDON MY FRENCH Frédérick Houdaer


Quand un auteur déboule du noir, pour faire de la poésie, je vous le dis tout net, ça vaut le détour. Frédérick Houdaer est l'auteur de Ankou, lève-toi ou encore de Comme un Lyon en cage, et de nombreux recueils de poèmes. Pardon My french est construit sur une succession de "poèmes" ou textes courts qui tous nous placent dans une situation très concrète et précise dans la vie du narrateur. Nous sommes témoins d'un instant. Un vernissage, une arrivée à la terrasse d'un café, une conférence littéraire, une séance de jambes en l'air ...

En face du narrateur, souvent, des femmes. Au bout de cet homme et ces femmes, des points finaux qui tombent comme des coups de poings, venus d'un angle qu'on aurait pas même soupçonné.

Le recueil ne se lâche pas. On prend vite goût à cette partie de cache-cache musclée, acide et si bien menée.
Il cite Carver, on pense à Bukowski.
Il hurle poésie, on finirait presque par penser théâtre.
Nous sommes d'accord, c'est très réussi.

Et puis allons-y je profite de la tribune, pour en fait déjouer l'attention de mes petits camarades et déroger à la règle.
Les règles ne servent-elles pas aussi à cela ? Je vous le demande.

Je vais élargir le champ, et me permettre de vous dire, que ce Pardon My French de Frédérick Houdaer est issu du catalogue des éditions les Carnets du dessert de Lune. Et que tout en même temps, paraissent Quand bien même d'Isabelle Bonat-Luciani et Je respire discrètement par le nez de Fanny Chiarello (une gageure à saluer car elle doit en être à 4 titres parus ou à paraitre cette année !).

Quand bien même est un assemblage de texte forts, de formes diverses, qui ont pour fil conducteur, l'Absence, dire l'Absence.
Des bouts de phrases ricochent et se répètent, le corps, le toucher sont partout, l'émotion intense et la retenue totale.
Aucune absence n'est dévoilée, l'auteur ne fera pas de nous des voyeurs. Mieux, elle nous apprendra la dignité qu'est d'accepter avec elle, de ne pas l'être. Nous apprendra ce que l'on a à y gagner en somme.
C'est une voix de velours qui accepte ses casseroles et rend les nôtres le temps de la lecture, acceptables. Une voix de velours qui cache ou retient un volcan. Une voix de velours qui dit des peaux qui retiennent des sécrétions.
C'est une expérience totale, une plume que l'on découvre et que l'on attend désormais.
Enfin, Je respire discrètement par le nez de Fanny Chiarello est une sorte d'accompagnement au quotidien de la gestation d'un roman. Comme si l'auteur avait tenu un journal pendant l'écriture de son prochain roman, celui qui paraitra aux éditions de l'Olivier pour la rentrée littéraire 2016.
Et l'on y retrouve, tout ce qui constitue l'auteur de Dans son propre Rôle, le tombeau de Pamela Sauvage, L'éternité n'est pas si longue, Si encore l'amour durait, je dis pas. (pour ne citer qu'eux)
De l'humour, un esprit brillant, une vivacité qui vient toujours autant nous cueillir. Mais pas que. Peut être aussi, comme une espèce de lâcher prise, tant sur le fond que sur la forme. On se retrouve à lire des listes drôles à moins que ce ne soient de drôles de listes, des histoires courtes, des scènes de vie, et puis de ça, de là, avec une pudeur tendue de violence, des maux. Des mots dans tous les sens, pour les dire. Le sens de tous les mots, les sens d'un seul mot, des mots mis en forme comme de la poésie, mais sans règle, pour dire, les maux. On rit beaucoup, reprend son souffle quelque fois, on fait une pause, on avale (plus difficilement) sa salive quelques autres fois (Puisqu'on en est à s'expliquer quelques tours de passe-passe anatomiques, allons-y !)
Et sûrement qu'au bout du compte, il faudra, oui, il faudra le relire ce recueil là, car il fera écho, au Zeppelin à paraitre. Il s'agira alors, de tout revoir. Mais nous n'en sommes pas là.

On dirait bien que je viens d'essayer de vous dire une chose en fait. Cet éditeur là, Les carnets du dessert de Lune fait un travail d'orfèvre littéraire.
Quel engagement, quel luxe ! Quelle force ! Ah ça, hein, c'est pas le show clinquant des têtes de gondoles, les maquettes en carton de traviole à monter pour mettre en avant un titre creux, ça non ! Moi ces trois petits recueils là, je les ai posés entre le très vieux poudrier de celle à qui je dois beaucoup, et les coquillages de celui qui devient. Définitivement plus riche de tout cela je suis. C'est tout le mal que je vous souhaite.



Signé : range le sas