Flipette, c'est Clara, jeune photographe cherchant un sens à sa vie. Se posant beaucoup de questions. Elle est posée, elle a plutôt peur de tout, elle vit dans sa bulle.
Vénère, c'est Axelle sa sœur. Et elle pour le coup, elle s'occupe des autres, milite et n'a peur de pas grand chose et trouve que l'art c'est une affaire de bourgeois.
Elles ne sont pas proches, écartelées par des conflits familiaux. Mais quand Clara apprend qu'Axelle s'est cassée la jambe, alors elle choisit d'aller la seconder. Sororité en somme.
Et c'est au travers de la confrontation des deux sœurs, via l'immersion de Clara dans la vie quotidienne de militante d'Axelle que Lucrèce Andreae se permet (et comme elle fait bien) de nous poser un certains nombre de questions toutes plus sensées, fines et profondes les unes que les autres.
Quand on a 20 ans aujourd'hui comment choisir sa place ? Face à tant d'inégalités sociales, quelle est la place de l'Art ? La violence est elle une réponse à la violence ambiante ? La conscience politique du monde qui nous entoure est elle une question de classe sociale ? Comment Flipette va se positionner au milieu de tous ces gens différents d'elle ? Comment Axelle va écouter Flipette ? Quels moyens trouveront-elles pour s'écouter ? Y parviendront-elles ? Est-ce que l'art de Flipette peut quoi que ce soit face aux inégalités ?
Et la grande force de cet ouvrage, c'est que sur 300 pages aux couleurs acidulées "culture pop", l'auteur va nous laisser absolument seuls face à ces questions. Face aux quotidiens de ces jeunes rebelles engagés si différents les uns des autres. Elle va montrer les limites de certains systèmes citoyens quand l’État ne répond plus présent, questionner les raisons qui poussent certains jeunes à s'engager du côté du militantisme, questionner aussi comment l'art peut répondre -ou pas- à ces problématiques.
Jamais elle ne se fera jugeant.e, l'auteure. Jamais elle ne se permettra de répondre à nos places.
Et nous, nous serons riche de cela. De cette lecture fine et belle, car les illustrations sont réellement magnifiques. Cette lecture qui nous met face à une jeunesse et ses problèmes. Pour nous qui ne le sommes plus tant que ça, jeunes, c'est absolument nécessaire !
Pas de happy-end, mais une fenêtre ouverte sur l'espoir. Chacun pourra en faire ce qu'il en veut.
Bref, quand l'art nous permet de regarder une société par un prisme et que c'est réussi.
Si je devais vous conseiller une écoute pour accompagner cette lecture, moi qui ne suis plus jeune, alors, en toute subjectivité je pourrais dire :
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