01/10/2018

LE CORPS EST UNE CHIMÈRE de Wendy Delorme

Un roman qui traite de violence faite aux femmes, des conditions de travail de la police autour de ce sujet. 
Un roman qui aborde les questions des travailleurs du sexe, des migrants, de la gestation pour autrui, de l’homoparentalité et de manif pour tous, en pleine rentrée littéraire enfin.

Merci Le Diable.

Un roman qui ne vous fournira jamais aucun mode d'emploi en matière de définition de genre ou de minorité, écrit presque sans pronom (hé oui !) par une auteur.e, performeuse chercheuse : voilà ce qui fait l'immense richesse de Le corps est une chimère de Wendy Delorme paru au Diable Vauvert.

Des chapitres courts, qui mettent en scène sous nos yeux des êtres, liés entre eux de prés ou de loin, de trop prés ou de trop loin.

Un corps comme une prison. Un couple avec trois enfants et des grands mères différentes (mais oh combien déterminantes) des gens qui se marient par amour et pour des papiers, un corps obsédé par le vieillissement et ses conséquences, un vengeur anonyme (presque un ange vengeur) qui supplée à tous les manquements de la police, un film documentaire sur Calais, un appartement à rénover, des robes à collectionner. Des abus de pouvoir.
Et la fiction qui flirte avec la documentation, pour entrer un peu plus encore dans le plus grand nombre de foyers, d'esprits avec la possibilité de les ouvrir, un peu, sur l'ailleurs, sur l'Autre, sur les différences, les incompréhensions, les méconnaissances.

Un roman qui porte pour titre la citation d'une oraison funèbre, dite par une fille en hommage à sa mère.
Un titre qui dit que ce sont nos sociétés malades qui dictent ce que devraient être nos corps, quitte à nous sacrifier sur les autels des apparences et du spectacle, des dominations stériles.
Des prénoms de personnages non genrés, masculin/féminin, des prénoms comme des chimères qui font écho à celles des corps.

Dans le corps est une chimère de Wendy Delorme, on peut comprendre qu'un personnage viendra nous cueillir là où on ne l'attendait pas, que la première impression n'est pas toujours la bonne, comme dans la vie en somme.


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