22/12/2022

SAINT-OMER d'Alice Diop


Chère Alice Diop, chère marie NDiaye


Je vous écris ce jour pour vous remercier, un peu "publiquement".

Vous remercier d'avoir en quelques plans, en quelques phrases modifier définitivement mon ADN.

Vous remercier aussi de m'avoir permis en quelques minutes d'accéder à une force qui tout à la fois, me dépasse et dont je fais partie.

Vous remercier de m'avoir permis de ressentir dans la chair ce que je sais déjà et ce qui m'est étranger.

Je vous écris aussi pour la force ré-approchée d'une Duras sous jacente, là, tapie quelque part dans l'énergie vitale nécessaire à toute création.


Saint-Omer est un film qui contient un morceau d'univers(-elle). Ces visages, ces peaux filmées de très prés, ces regards. Il ne se passe rien dans Saint-Omer. Ou tout. C'est selon.
Le film nous met face à nos parts d'ombres, nos lâchetés nos tiédeurs, et nos forces. 
Sans la moindre notion de leçon de morale assénée, le tout dans un tribunal. Ici tout n'est que questions.
Vertigineuse réussite. Incroyable tour de force.

Un fait divers, comme un théâtre qui mettrait en scènes nos archétypes à tous et toutes.

Un tribunal pour rejouer la comédie humaine en quelques minutes.

Je me garderai bien de nommer plus en amont, d'enfermer, d'étiqueter. De préciser que ce film traite de tel ou tel sujet. Chacun, chacune se sentira percuté là où il ou elle a quelque chose à « travailler », à observer, à sentir, à rejouer.

Cela faisait bien longtemps qu'une œuvre d'art ne m'avait pas ainsi, génétiquement modifiée. Et pour ce tel chaos-là, une fois encore, merci.

Fascinant. 


MP Soriano aka Range Le Sas


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