Avec une finesse de trait, d’écriture, de rythme, de couleur, une finesse totale, Aj Dungo nous raconte l’histoire du surf et une histoire d’amour. Pardon. Une histoire d’Amour.
Celle du narrateur et de Kristen. Étant entendu que lorsqu’on ouvre ce roman graphique bleu de 366 pages, sur la toute première page, à côté d’une fleur dessinée en blanc sur fond vert d’eau, est mentionné « Pour Kristen » : vous en faites ce que vous voulez.
Ils sont lycéens quand le narrateur et Kristen se rencontrent. Il est timide et introverti, elle ne l’est pas et c’est par l’intermédiaire du frère de Kristen, et leur passion commune pour le skate, que la rencontre peut avoir lieu.
Parallèlement à leur histoire d’amour, Aj Dungo nous raconte l’histoire du surf qui débute dans les années 1800 en Polynésie et qu’il choisit de terminer dans les années 90-2000 lorsque Duke Kahanamoku et Thomas Blake sont de vieux messieurs. Pourquoi ces deux figures là ? Eh bien parce que ce sont eux qui ont révolutionné le surf occidental. Et que c’est leurs histoires et leur rencontre que l’auteur nous offre.
L’histoire du surf et des deux surfeurs de légende se déploie sur fond sépia. Celle de Kristen et du narrateur sur fond bleu-vert d’eau. Et l’auteur alterne les deux narrations comme un premier mouvement de vague, originel. Et sans symétrie. Juste la magie des vagues. Et la magie opère. La lecture de ce chef d’œuvre permet de ressentir le flux et le reflux. Nous lecteurs, devenons des surfeurs. Nous allons et venons sur les crêtes de destins, de sentiments, de liens, d’Histoire. Et comme Aj Dungo est un magicien, il nous a transformé dès la première page en surfeurs confirmés. Maîtrisant la technique nous sommes libres de ressentir vertigineusement tout le reste.
Nous nous rétamons parfois sur des plages immensément douloureuses, nous dérivons dans cette immensité dont nous avons accepté dès le début qu’elle nous dépasse. Nous surfons sur l’injustice que peut être la vie. Nous hurlons de plaisir en déferlant sur la force qui caractérise certains femmes et hommes.
C’est le deal initial passé avec l’océan ou la vie. Ou les deux.
Quand j’ai refermé l’ouvrage, mes yeux étaient tout mouillés. Normal pour une surfeuse. Pour ne pas le quitter trop vite, j’ai inspecté le livre tous les à côté : la page de garde, la quatrième de couverture, les crédits, les remerciements….Je voulais prolonger le moment.Je suis tombée sur une très courte préface de Craig Thompson qui dit toute l’admiration qu’il a pour ce travail. Vertigineux. Craig Tompson est l’auteur du roman graphique Blankets. Blankets était mon roman graphique préféré de tous les temps jusqu’à ce que je tombe sur In Waves de Aj Dungo.
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