 Il est des livres dont l’écho résonne encore en nos mémoires longtemps après les avoir refermés. Des livres qui nous
bouleversent, nous transportent, nous attachent, sans que l’on puisse forcément dire pourquoi. Des livres que l’on voudrait ne jamais terminer et qui nous font nous sentir un peu orphelins lorsque la dernière page se tourne. La couleur de l’aube de
Yanick Lahens est de ceux-là; de ces romans qui ont la grâce et laissent en nous une sorte d'empreinte indélébile. Si vous l’avez raté à sa parution en 2008, une seconde
chance de découvrir ce texte somptueux vous est donnée, puisqu'il vient de sortir
en poche dans la petite collection de son éditrice,
Sabine Wespieser (oui, encore elle, et vous n'avez pas fini d'en entendre parler...).
Il est des livres dont l’écho résonne encore en nos mémoires longtemps après les avoir refermés. Des livres qui nous
bouleversent, nous transportent, nous attachent, sans que l’on puisse forcément dire pourquoi. Des livres que l’on voudrait ne jamais terminer et qui nous font nous sentir un peu orphelins lorsque la dernière page se tourne. La couleur de l’aube de
Yanick Lahens est de ceux-là; de ces romans qui ont la grâce et laissent en nous une sorte d'empreinte indélébile. Si vous l’avez raté à sa parution en 2008, une seconde
chance de découvrir ce texte somptueux vous est donnée, puisqu'il vient de sortir
en poche dans la petite collection de son éditrice,
Sabine Wespieser (oui, encore elle, et vous n'avez pas fini d'en entendre parler...). Née
en Haïti en 1953, la belle Yanick Lahens fait partie de ces écrivains haïtiens soucieux de dire au monde la vie quotidienne en leur pays et les aspirations déçues de tout
un peuple, mais aussi son incroyable vitalité, sa rage de vivre. Haïti, terre de feu et de sang, envoûtante et terrifiante, fascine; lorsque la terre tremble, lorsque le pouvoir s'effondre, lorsque les hommes se battent pour vivre mieux ou pour vivre tout
court... Figure éminente de la misère contemporaine, lieu de toutes les
infamies coloniales, oubliée des hommes et des dieux… Haïti à l’histoire
tourmentée et cruelle, qui semble étrangement toujours recommencée… "L'Apocalypse a déjà eu lieu tant de fois (…) dans cette île".  Haïti, forte d’une
longue et riche tradition littéraire, que l’on ne peut que saluer. René Depestre
disait de la littérature haïtienne qu’elle était "au
bouche à bouche avec l’histoire", tant la création littéraire et la vie
politique de l’île semblent intrinsèquement liées. Les voix puissantes de nombreux auteurs, tels Dany Laferrière, Lyonel Trouillot, Kettly Mars, Louis-Philippe
Dalembert, s'élèvent ainsi de par le monde pour témoigner des réalités de leur terre natale. Vous l’aurez compris, dans ce roman il y a donc, avant toute
chose, Haïti -et plus précisément la ville de Port-au-Prince- en proie à la misère et à la folie des hommes. "Un étudiant, blessé à mort m’a fixée de ses
yeux révulsés. Celui qui l’a tué était debout, en face de moi. En guenilles,
ensauvagé jusqu'à la moelle, il avait à peine seize ans : sans passé, sans
avenir, sans parenté, une nature à nu, une plaie frottée à sang."
Née
en Haïti en 1953, la belle Yanick Lahens fait partie de ces écrivains haïtiens soucieux de dire au monde la vie quotidienne en leur pays et les aspirations déçues de tout
un peuple, mais aussi son incroyable vitalité, sa rage de vivre. Haïti, terre de feu et de sang, envoûtante et terrifiante, fascine; lorsque la terre tremble, lorsque le pouvoir s'effondre, lorsque les hommes se battent pour vivre mieux ou pour vivre tout
court... Figure éminente de la misère contemporaine, lieu de toutes les
infamies coloniales, oubliée des hommes et des dieux… Haïti à l’histoire
tourmentée et cruelle, qui semble étrangement toujours recommencée… "L'Apocalypse a déjà eu lieu tant de fois (…) dans cette île".  Haïti, forte d’une
longue et riche tradition littéraire, que l’on ne peut que saluer. René Depestre
disait de la littérature haïtienne qu’elle était "au
bouche à bouche avec l’histoire", tant la création littéraire et la vie
politique de l’île semblent intrinsèquement liées. Les voix puissantes de nombreux auteurs, tels Dany Laferrière, Lyonel Trouillot, Kettly Mars, Louis-Philippe
Dalembert, s'élèvent ainsi de par le monde pour témoigner des réalités de leur terre natale. Vous l’aurez compris, dans ce roman il y a donc, avant toute
chose, Haïti -et plus précisément la ville de Port-au-Prince- en proie à la misère et à la folie des hommes. "Un étudiant, blessé à mort m’a fixée de ses
yeux révulsés. Celui qui l’a tué était debout, en face de moi. En guenilles,
ensauvagé jusqu'à la moelle, il avait à peine seize ans : sans passé, sans
avenir, sans parenté, une nature à nu, une plaie frottée à sang." Joyeuse, la cadette, 23 ans, est totalement différente. Elle est la belle, la sensuelle, la rebelle. Elle a la rage au ventre et la fureur de vivre. C’est un cheval sauvage, une insoumise, qui n'abdique pas malgré le paysage apocalyptique qui l'entoure. Elle rejette toute forme d’autorité, ne croit ni au Dieu chrétien de son aînée, ni aux dieux païens de sa mère. Joyeuse ne croit qu’en elle-même. Elle brûle sa vie sans retenue, refusant de vivre à demi comme sa sœur, qu'elle considère comme une sorte de morte-vivante. "J'ai choisi la lumière, le vent et le feu. Dussent-ils m'aveugler. Dussé-je y laisser ma peau". Elle a fait des études et occupe une place prisée dans un petit magasin luxueux du centre-ville. Joyeuse est dans l’attente d'un homme. "Un seul. Un homme ordinaire. Un homme, vœu de mes jours". Dévorée par l’ambition, révoltée par son quotidien, elle explore sa féminité et joue de sa beauté envoûtante, qu’elle utilise comme une arme. Toutes deux vivent chez leur
mère, figure protectrice et pivot du foyer. Les malheurs n’ont pas épargné la vieille femme mais elle résiste en honorant les esprits vaudou, auprès desquels elle cherche les réponses que la réalité lui refuse.
Joyeuse, la cadette, 23 ans, est totalement différente. Elle est la belle, la sensuelle, la rebelle. Elle a la rage au ventre et la fureur de vivre. C’est un cheval sauvage, une insoumise, qui n'abdique pas malgré le paysage apocalyptique qui l'entoure. Elle rejette toute forme d’autorité, ne croit ni au Dieu chrétien de son aînée, ni aux dieux païens de sa mère. Joyeuse ne croit qu’en elle-même. Elle brûle sa vie sans retenue, refusant de vivre à demi comme sa sœur, qu'elle considère comme une sorte de morte-vivante. "J'ai choisi la lumière, le vent et le feu. Dussent-ils m'aveugler. Dussé-je y laisser ma peau". Elle a fait des études et occupe une place prisée dans un petit magasin luxueux du centre-ville. Joyeuse est dans l’attente d'un homme. "Un seul. Un homme ordinaire. Un homme, vœu de mes jours". Dévorée par l’ambition, révoltée par son quotidien, elle explore sa féminité et joue de sa beauté envoûtante, qu’elle utilise comme une arme. Toutes deux vivent chez leur
mère, figure protectrice et pivot du foyer. Les malheurs n’ont pas épargné la vieille femme mais elle résiste en honorant les esprits vaudou, auprès desquels elle cherche les réponses que la réalité lui refuse. 
"La vie tue d'abord les cœurs purs".
Angélique et Joyeuse découvrent un matin que leur jeune frère Fignolé n’est pas rentré. Car il y a aussi Fignolé, le frère tant chéri, le fils tant aimé, rêveur et musicien, militant déçu du Parti des démunis dont le leader a trahi. Cette disparition est d'autant plus inquiétante que la veille, des émeutes sanglantes -auxquelles il semble avoir participé- ont éclaté dans les rues de la capitale... L'histoire qui nous est contée se déroule sur une seule et unique journée, durant laquelle les deux sœurs vont mener leur enquête, chacune à leur manière. En trente courts chapitres, merveilleusement fluides et poétiques, leurs voix poignantes vont ainsi nous livrer à tour de rôle la terrible angoisse qui les étreint et par-là même le quotidien misérable des habitants de l'île et son histoire tourmentée. De "Papa Doc" Duvalier à nos jours, en passant par "Bébé Doc" et le Prophète-Président: "Port-au-Prince, poste avancé du désespoir. Il y a toute la malfaisance secrète inscrite dans ses murs depuis deux siècles. La descente aux enfers de la ville a commencé depuis trop longtemps pour que je me plaigne." Elles dressent également, dans cette sorte de double confession, les portraits en creux de leur mère et de leur frère et mettent en lumière la complexité de leurs relations. Et malgré la mort qui rôde, aucune ne renoncera à découvrir ce qui est arrivé à Fignolé. Livrer bataille, c'est être vivant.
 Il y a encore John, le journaliste américain, porteur
de toute la morale occidentale, qui gagne sa vie "à aimer les pauvres"... Gabriel, auquel la vie vole son innocence dans ce monde plein de fureur et de bruit... Mme Jacques, la
riche propriétaire de la boutique dans laquelle travaille Joyeuse, illustration parfaite de la classe supérieure méprisable de l’île; Lolo, la jeune
courtisane intéressée par "l’argent qui ouvre les
frontières". Et bien d'autres personnages, que je vous laisse découvrir.
Il y a encore John, le journaliste américain, porteur
de toute la morale occidentale, qui gagne sa vie "à aimer les pauvres"... Gabriel, auquel la vie vole son innocence dans ce monde plein de fureur et de bruit... Mme Jacques, la
riche propriétaire de la boutique dans laquelle travaille Joyeuse, illustration parfaite de la classe supérieure méprisable de l’île; Lolo, la jeune
courtisane intéressée par "l’argent qui ouvre les
frontières". Et bien d'autres personnages, que je vous laisse découvrir.
Il y a donc, pour finir, mille et une raisons de lire la couleur de l'aube, alors lisez et relisez ce texte incandescent. Écoutez les voix de ces deux femmes et à travers elles, le cri de souffrance et de révolte de tout un peuple. Laissez-vous porter par cette mélopée lancinante et envoûtante venue d'un lointain ailleurs. Entendez le chant de vie et d’amour que Yanick Lahens compose avec une incroyable maestria, construisant l'allégorie d'une terre où la monstruosité voudrait faire loi mais où, à chaque pas, éclate pourtant une incroyable volonté de vivre.
"Je pense à l'autre. Au traître. A la robe moulante que je mettrai ce
jour-là. A mes talons aiguilles. Au rouge carmin dont je dessinerai mes lèvres
et à cette chose que je dissimulerai dans mon sac."
"Dans cette île, dans cette ville, il faut être une pierre. Je suis une pierre." 
"J'ai devancé l'aurore et j'ai ouvert la porte sur la nuit."
 


Merveilleux Money, comme toujours... j'ai longtemps hésité à acheter ce livre, mais vous m'avez convaincue. J'envie vos clients d'avoir une telle perle à leurs côtés. Et les éditeurs doivent être ravis d'avoir un defenseur aussi ardent que vous. Continuez!
RépondreSupprimerSi j'étais Sabine Wespieser ou un de ses confrères, je vous prendrais comme lectrice ou éditrice, vous avez vraiment tout ce qu'il faut pour cela!
RépondreSupprimerAhhh, j'aimerais beaucoup ça vous savez! Un grand merci pour votre soutien. MoneyPenny
RépondreSupprimerMoneyPenny,quelle plume,quel talent,un régal,vous trouvez les mots pour nous donner envie de lire ce livre,c'est ce que je vais faire.Mille mercis et plus de nous faire découvrir de tels auteurs, et editeurs à bientôt de vous lire MoneyPenny.
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