Qu'on se le dise au fond des chaumières
: j'avais adoré Rosalie Blum de Camille Jourdy.
C'est donc tout
naturellement que je me suis procurée Juliette, et ce dés sa
parution (très récente).
Juliette arrive dans une gare en
province. Juliette ne va pas bien, cela se voit tout de suite. Pour
arranger ses affaires et son moral, son père qui devait venir la
chercher à ladite gare, l'a oublié.
Juliette vit à Paris, et ce retour en
terres natales et provinciales est censé l'aider à se poser, faire
le point, pour au bout de la parenthèse aller mieux.
Elle est un personnage, plutôt mou,
hypocondriaque, et elle va sous le trait génial de l'auteur, se
transformer en loupe, grossissant son entourage et elle-même jusqu'à
évidemment trouver un peu de sens à tout cela, trouver un peu de
lumière.
Et hop tout ce petit monde va passer
sous la loupe Juliette. Du divorce il reste le père qui a « cessé
de vivre », arrêt sur image, chez lui, taiseux, insomniaque.
La mère aux antipodes, qui -infatigable- retourne ciel et terre pour
se sentir en vie. Et puis à quelques rues de là, la sœur, l'aînée,
mariée deux enfants, un métier qu'elle n'aime pas, et un amant (qui
travaille dans un magasin de costumes et farces et attrapes, cela a
son importance, croyez-moi sur parole !), la grand mère atteinte de
la maladie d'Alzheimer. Et là, crions famille ;-) comme dans le
célèbre jeux de cartes.
Juliette dans cette « prison »
que peut s'avérer être la famille, tant elle fige chacun dans un
rôle, tant elle cantonne tout le monde, sans autre forme de procès,
cherche une réponse. Une réponse à ses différents maux.
Et au milieu de ce joyeux foutoir, elle
va rencontrer un homme. Pilier du pmu, mais doux comme on en fait
plus. Ensemble ils vont avancer un peu et fabriquer de la poésie
beaucoup.
La grande force de Camille Jourdy est
la justesse. Cette scène de repas de famille d'anthologie ne peut –
je crois- que résonner en chacun d'entre nous.
Les couleurs sont magnifiques, l'album
dense et je me suis attachée à tous les personnages.
Car tout est là, évidemment, ils le
sont tous attachants !
Un roman graphique particulièrement
réussi sur la famille et ses secrets, le mal-être, le couple, la
sexualité aussi. Bref : une réussite totale.
Signé : Range le sas
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