29/01/2016

L’ETRANGE VIE DE NOBODY OWENS de Neil Gaiman & P. Craig Russell

Autant vous le dire tout de suite, le roman fantastique c’est pas ma tasse de thé. Encore que, lorsqu’il s’agit de Neil Gaiman, je sacrifie pas mal à mes principes, rapport à Neverwhere, son Alice au pays des merveilles dans les égouts de Londres qui m’avait bien fait roucoulé à l’époque, et ses nouvelles assassines dans De bons présages, de prestigieuse mémoire. Mais le roman qui a inspiré cette mini-série BD, je l’ai pas lu.
Nobody Owens, c’est un gamin dont les parents et la grande sœur sont assassinés dans leur sommeil pendant que lui, tout mouflet, atteint sans doute d’un syndrome de résilience des plus affûte, se carapate de son lit à barreaux en couches-culotte. A quatre pattes, le petit coquin se retrouve dans un cimetière où la population locale, revenants d’à peu près tous les siècles, goules, vampires et autres Dame Blanche, décident de le materner à leur manière. Tous savent bien que le petit bonhomme s’appelle Owens, mais sa maman toute furieuse et tout juste morte, n’a pas eu le temps d’en dire plus. Alors ce sera Nobody, son prénom, c’est Silas le vampire qui le décide comme ça, et puis voilà. Bod, pour les intimes.
Les aventures du jeune Owens se découpent en chapitres bien précis qui sont autant de folles aventures, plus ou moins débridées, plus ou moins réussies, plus ou moins bien dessinées aussi car nous sommes au cœur du principe même des comics anglo-saxons, à savoir que d’une histoire à l’autre, les dessinateurs se succèdent pour ne pas perdre le rythme de production, pour des résultats plus ou moins heureux, c’est comme ça.
Mais le bonheur de L’étrange vie de Nobody owens, c’est que Neil Gaiman, ce bonhomme-là, est un vrai sorcier un très grand marabouteur du genre qui vous invente des vrais contes de fées, et d’horreur, en recyclant au passage tous les clichés éculés du genre. Personne ne possède son chic pour recustomiser à l’envie Lewis Caroll, Edgar Poe, Bram Stocker et Jean Ray sous le même capot, et en faire ce genre de bolide rutilant que vous n’avez déjà vu nulle part. Ça ne roule pas sans quelques couacs, mais c’est joli à regarder.
Dans ce champ d’activité très ludique et très ouvert qu’est la littérature fantastique, il n’y a guère que Tim Burton qui sache aussi bien refaçonner les vieux mythes et nos anciennes frayeurs avec autant de brio. Burton avec un poil plus d’humour, sûrement. Gaiman avec infiniment plus de conviction en la réalité de tout ça. C’est ce qui fait toute sa bizarrerie et tout son charme.

Signé :RongeMaille

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