Les éditions Tristram rééditent – enfin – le plus grand roman jamais écrit sur la boxe : Fat city de Leonard Gardner. John Huston, qui fut lui-même boxeur, prétendait que la boxe était un sport qui vous apprenait à prendre des coups plus qu’à en donner. Il savait de quoi il parlait, lui dont le nez cassé témoignait des leçons données,- et reçues. Il portera Fat city
à l’écran en 1972, trois ans après la sortie du roman, un film superbe
qui fut aussi un échec commercial retentissant, et fâcha pour de bon le vieux cinéaste avec le public américain. Leonard Gardner avait un point commun avec le réalisateur de Moby Dick et du Faucon Maltais,
à savoir… un nez de boxeur. « Si je n’avais pas eu ce pif, disait
l’autre, je l’aurais prise en pleine gueule, celle-là ». Gardner avait
lui aussi fréquenté les salles de boxe amateur où tout le monde, du
coach obèse au patron de salle abruti par d’anciens directs bien placés,
de l’ancienne gloire trépanée au petit jeune plein de jus, pensent en
secret que leur gloire est encore à venir. Fat city est sans
doute le plus grand livre sur la boxe, et sur la loose que vous lirez
jamais. Gardner savait de quoi il parlait. Son livre se passe à
Stockton, Californie, sa ville natale. Tout au fond du fin fond du rêve
américain avec son taux de chômage record, sa misère endémique, ses
petits blancs perdus au milieu des cafards et des bouteilles vides. Une
ville qui, parait-il, a été déclarée en faillite dans les années 90. Fat city
fit la richesse et la gloire de Gardner qui, après ça, n’écrivit plus
rien. Une étoile filante, une vraie. Un peu comme un direct de Mohammed
Ali que vous vous prenez en pleine poire; ça vous file sous le nez, et
vous éteint la lumière d’un coup. Vous n’en reverrez plus jamais de
pareille.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire