05/01/2019

ZERO TONINE de Michel Wellbeck (jusqu'à la page 191)

A la vérité, on n'est pas déçu. D'abord il y a les chiffres: plus de 300 000 exemplaires qui sortent des rotatives d'un coup, ça vous pose un auteur à défaut de vous poser un homme, quand même: ça en fait, de l'huile de coude et du bilan carbone, mais c'est pas grave. On va exhiber la GROSSE exhibition du petit Michel encore longtemps pour prouver que le monde  de l'édition se porte très bien, c'est une aubaine, c'est du nanan, donc c'est... c'est... c'est ?... de la littérature.

Niveau littérature, ça ne commence pas très bien: on répertorie dans le premier chapitre un nombre considérable de répétitions et de termes homophobes peu amènes qu'on ne citera pas dans le supplément littéraire du Monde et qui font kougloff, quand même: Michel se défend d'être pédé. C'est pas parce qu'il est petit, pas beau, fourbu de médocs et accro au porno qu'il va abdiquer: dans ce roman-là, il se prénomme Florent-Claude. C'est ridicule, il en fait même toute une affaire au début et puis pouf ! ça disparaît au bout de quelques pages. On n'en parlera plus (du moins jusqu'à la 191, là où je me suis arrêté, à moins que j'ai lu trop vite). D'ailleurs, Florent-Claude, qu'on appellera Michel pour plus de commodités,, se décrit comme un type aux traits virils, à la queue assez importante capable d'une belle endurance (mais ça, c'était dans le flash-back). De la même manière, sa façon de nous expliquer qu'il racontera tel truc plus tard, qu'il faudra qu'il nous explique telle chose s'il y pense nous indique que, peut-être, Michel n'a pas fait de plan non plus, au départ.
Pas grave, Michel a du talent, c'est indéniable. Nonobstant une manie agaçante d'aller titiller le bobo et le mélenchoniste de base comme d'autres des siècles avant lui cassaient les couilles au bourgeois (Michel, tu te trompes de cible, mais c'est rien, continue, on t'aime bien), là où Michel est très bon c'est dans la dégringolade. Et dans dégringolade, j'entends digression, écriture en roue libre, franc-parler et divagations stylo en main et là, l'écrivain arrive. C'est ici que je me suis arrêté, fatigué: lorsque Michel égraine par le menu l'histoire de ses histoires d'amour importantes.

Quand il est émouvant, Michel est très bien. On ne le confond plus avec Florent-Claude (c'est ridicule, enfin, Michel... demande à Flamm' de pilonner les premiers tirages et réécris-nous tout ça, t'es capable de beaucoup mieux !)

Lorsqu'il parle de l'enterrement de ses parents (de roman, qui se sont donnés la mort ensemble), il est capable de balancer des mots qui claquent:

"Le prêtre m'avait un peu énervé (...) quand il est mis en présence d'un cas d'amour authentique un prêtre ça ferme sa gueule, voilà ce que j'avais envie de lui dire."

Eh ouai, pas mal...
Mais à la page 191 donc, là où on se sera arrêté ce soir, avant de reprendre demain, ou après-demain, voire jamais si le cœur nous en dit, il n'était question que d'antidépresseurs qui font tomber la zigounette, du souvenir transit de pipes royales, et d'une certaine maîtresse japonaise qui adorait lui faire de menues infidélités lors d'énergiques gang-bangs que Michel analyse en véritable expert certifié youporn. C'est un peu sa limite.  On a dit "japonaise" d'ailleurs, pas "chinoise", et c'est là que tout est dit (ou rien): Michel est un peu gros con, aussi.

Page 191 donc, tout le monde descend. On remontera peut-être demain, allez savoir. On vous tiendra au courant.

D'ici là (et j'en suis sûr, Michel vous encouragera avec moi): faites (ou lisez) autre chose.

Il est mauvais que des aimés parlent la même langue, il est mauvais qu'ils puissent réellement se comprendre, qu'ils puissent échanger par des mots, car la parole n'a pas pour vocation de créer l'amour, mais la division et la haine (...) .

Il y a ça, glissé entre quelques considérations sur l'avenir de la culture de l'abricot en Roussillon, l'élevage des poulets de batterie, la pornographie zoophile et la certification AOC du Livarot.

Qu'est-ce-que vous voulez que je vous dise de plus ?

Signé: RongeMaille

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire