24/02/2016

L'HIPPO D'AMERIQUE de Jon Mooallem

Attention ! Une histoire de dingues peut en cacher une autre… Celle que nous raconte Jon Mooallem dans L'hippo d'Amérique est à elle seule tout un programme, même si l'Histoire n'a pas voulu la retenir… Pensez donc, il s'agissait de palier à la pénurie de viande qui sévissait alors aux Etats-Unis (au début du siècle dernier), et c'est avec le soutien de l'ancien président Theodore Roosevelt que certains se lancèrent dans un lobbying qui dura plusieurs années afin de promouvoir l'introduction… des hippopotames sur le territoire américain (et pour ça les marais de Louisiane et de Géorgie étaient tout indiqués), à dessein d'élevage intensif et de sacrés steaks à venir dans les assiettes.

A l'origine de cette drôle d'idée, tout sauf des allumés avec, à leur tête, un Américain aventureux au charisme extraordinaire, l'emblème d'un pays tout entier, Frederick Burnham. Un sacré bonhomme en vérité, qui fut un cavalier hors pair, un soldat intrépide, un découvreur de mondes bref, un type comme on n'en fait plus. Il fut soutenu dans ce projet pro-hippo par un autre personnage non moins savoureux mais qui était comme son envers et pour cause, ils s'étaient cherché sans jamais se croiser durant l'effroyable seconde guerre des Boers en Afrique du Sud, se livrant à une guerre sans merci. Leurs faits d'armes faisaient alors partie de leur légende. L'adversaire de Burnham était Boer, il s'appelait Fritz Duquenne et se faisait appeler la Panthère Noire.

Vous n'êtes pas dans un roman de Ridder Haggard (un ami de Burnham, d'ailleurs), mais dans la vraie vie. L'expression « bigger than life » a du être inventée pour ces deux-là qui, en soldats très old-school, se vouaient un respect réciproque tout sauf fabriqué. Burnham, droit comme un I, généreux, jamais pris en défaut, côtoya les grands hommes de son temps, et mourut dans la gloire. Duquenne eut un destin autrement plus accidenté. Il était notamment si rempli de haine à l'égard des Anglais qu'il fit quelques choix… aveugles durant la 2eme guerre mondiale. Quand Mooallem nous raconte sa vie se profile, derrière lui, la figure maléfique de Fantomas, ou d'une espèce de Mabuse éperdu de colère.

La vie de certains hommes vaut bien une bibliothèque toute entière… La leur ne tient que dans ce livre de 105 pages, mais elle est incroyable...

Signé: RongeMaille

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