12/09/2015

SAM PECKINPAH – editions Capricci

Voici un recueil d’articles, d’interviews et d’analyses qu’on aura déjà lus dans les colonnes du valeureux magazine de cinoche SoFilm. Riche idée que de les avoir rassemblés dans ce volume généreusement illustré car, vraiment, le bonhomme valait bien ça. Véritable légende du cinéma américain, précurseur du Nouvel Hollywood bien avant que les Coppola et autres Friedkin fassent exploser la marmite, son nom est aussi accolé à une hyper-stylisation de la violence. Qui n’a pas été soufflé par les dernières minutes de La horde sauvage, qui n’a pas transpiré de malaise à la vision des Chiens de paille ?
De l’avis de tous, Peckinpah était un horrible salopard, un affreux colérique qui faisait passer d’autres tyrans de plateau comme Otto Preminger ou Henry Hathaway pour des bisounours. Le plus surprenant étant qu’il était entouré d’amis fidèles, techniciens et acteurs, qui auraient tout donné pour lui. A partir de la fin des années 70 pourtant, ses excès en tous genre, beuveries, coke et putains, finirent par en lasser plus d’un. James Caan, qui tourna avec lui son plus mauvais film, Tueur d’élite, dira plus tard: « Quand on sera tous morts, son putain de foie sera toujours en train de filtrer de l’alcool et d’aspirer de la coke ». Pour ça, le livre n’est pas avare en anecdotes croustillantes, entre l’épidémie de maladies vénériennes qu’il provoqua avec son ami Jason Robards dans l’hôtel où ils faisaient la nouba (pendant le tournage de Cable Hogue), les dingueries d’un Steve McQueen complètement inconscient qui conduisait sur les autoroutes à contre-sens, et se prit un mur (sur le tournage de Getaway), les coups de foudre amoureux de Peckinpah pour ses actrices, et comment il traitait ceux qui tournaient trop autour. Pour ça, ce livre est un régal.
Mais il faut lire aussi les analyses pertinentes d’Emmanuel Burdeau, Chris Fujiwara et d’autres pour se rendre compte de l’importance de son oeuvre sur les générations d’après (que serait le petit Tarrantino sans lui, et Scorsese, et Eastwood ?) et quelle mélancolie, quel romantisme exacerbé se trouvent enfouis derrière ces images faites de bruit et de fureur. Bloody Sam était un timide teigneux, un misogyne fleur bleue, un misanthrope lucide, un sauvage idéaliste. Tout ça, le livre en rend compte avec beaucoup de pertinence.
Indispensable à tout cow-boy cinéphile qui se respecte !

signé: RongeMaille

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