22/07/2021

LES IMPATIENTES de Djaïli Amadou Amal

Cette année quand les deux milles lycéens ont lu pour le Goncourt des lycéens, c’est Les impatientes de Djaïli Amadou Amal (éditions Emmanuelle Collas) qu’ils ont choisi. 

Deux milles lycéens dont quelques-uns de Dublin et quelques autres de Guadeloupe ont choisi cette voix de femme venant d’un pays subsaharien.

M’entendez-vous ?
Est-ce que cela ne nous filerait pas collectivement un espoir vertigineux ?

Les impatientes raconte - dans une langue qui ne laisse pas la moindre emprise au pathos, dans une langue simple, concise, précise et qui a le courage de nommer - l’histoire de deux sœurs forcées au mariage alors qu’elles ne sont encore que des enfants.
La troisième voix est celle d’une première épouse qui sera forcée de cohabiter avec l’une des deux sœurs. Elles sont mariées au même homme.
Trois voix. Trois parties au roman. Trois portraits. Trois témoignages. Elles s’appellent Ramla, Hindou et Safira.
Elles vivent dans le nord du Cameroun où cette pratique encore en vigueur est systémique.
Comme dans de nombreux pays subsaharien et de cultures religieuses différentes, nous apprendra l’autrice.

Les impatientes est un témoignage, une voix s’élevant dans un désert de silence. Amal est l’une des trois personnages, ou en tous cas, c’est d’après son histoire qu’elle a écrit ce récit. Elle a fui ce mariage, a été répudiée, a été privée de ses deux filles : elle a écrit. Trois romans, dont celui-ci. Cette partie-là de la vie d’Amal, le roman ne la racontera pas.

Amal s’attache en revanche à montrer la dimension insidieuse de ce système : qui va de l’interdiction et la douleur de faire culpabiliser ses propres parents, jusqu’aux abîmes de la barbarie sue de toutes et tous. Tue par toutes et tous.

Les impatientes est un roman percutant, un roman qu’il faut regarder droit dans les lignes. Amal a évité les interlignes et c’est un tour de force. A nous de tenir face à tant de la douleur pour relayer le témoignage, la douleur, la folie absolue de ce système né encore et toujours de la domination masculine, du patriarcat, ce système fabriqué par des hommes et des femmes, dont il nous faut vraiment impérativement absolument et collectivement revenir.

 Et comme cette domination barbare est loin d’être celle d’un seul territoire, en musique, je poserai bien ça, ici :

http://www.femmesdusahel.org/

Signé : MP Soriano


 

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