09/02/2016

ET LES REGRETS AUSSI de Seth Greenland

Mais enfin, qu’est-ce qui m’arrive ? Me laisser avoir par une bête histoire d’amour de bobos new-yorkais alors que la Terre se consume, que les migrants déferlent en masse sur notre Occident civilisé et que demain nous serons peut-être dirigés par… Non, stop, arrêtons de nous culpabiliser avec ces stupidités et revenons-en à quelques fondamentaux. La littérature peut servir à ça aussi, lorsqu’elle est à la fois grand public et portée par une vraie exigence d’écriture, avec pour seule ligne de mire de nous caraméliser notre petit cœur tout mou qui, au fond, ne demande que ça.
Seth Greenland n’en est pas à son coup d’essai, et on ne saurait trop vous recommander la découverte de ces trois précédents romans, repris depuis dans la collection Piccolo de Liana Levi. Mais c’est la première fois sans doute qu’il ose tremper sa plume, qui ne manque ni de punch ni d’ironie, dans l’eau de rose. Car Et les regrets aussi, ça n’est pas autre chose que Love story à une autre époque, dans un autre contexte, et surtout sur un autre ton.
C’est l’histoire de Jeremy, employé modèle d’un grand cabinet d’avocats new-yorkais, promis à un brillant avenir, dont la passion véritable est d’écrire de la poésie, sous pseudo. Pas tout à fait à sa place dans un univers un brin trop matérialiste pour lui, mais se fondant parfaitement dans le décor, Jeremy possède des rêves qu’il sait ne pouvoir partager avec personne… Jusqu’à ce que débarque un jour dans son bureau la (très) jeune fille d’un de ses patrons, sorte de grand Duduche au féminin, au franc-parler assez particulier et au charme fou.
Et c’est parti mon kiki pour quelques 300 pages d’un bonheur de lecture absolu qui filent sans crier gare. Avec son style d’écriture qui fait de Seth Greenland le voisin de palier de Iain Levison et de Jason Starr, autres genres d’aigrefins à l’écriture bien aiguisée, son roman ne bascule pas complètement dans le mélo. Et on lui en sait gré. Ce juste équilibre fait tout le sel de cette histoire d’amour touchante, et juste.
Sans oublier au passage d’adresser un coup de chapeau à Mr Jean Esch, éminent traducteur à qui l’on doit déjà de grandes choses (Westlake, Connelly, Pullman et tant d’autres) et qui n’est sans doute pas étranger au plaisir procuré par cette douceur.

Signé : RongeMaille

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